Charlie Chaplin

1 ) Les décors des films de Chaplin :

A quelques très rares exceptions près, ce sont des intérieurs ou des lieux bien délimités ( un café, un ring de boxe, un arrêt de tramway, les coulisses d'un théâtre, une loge de concierge, un banc de jardin, une banque... ).
Le monde extérieur, la nature reste toujours ignoré ; il ne se trouve jamais confronté avec les près, les bois... Tout se passe comme si pour Chaplin, l'espace infini n'existait pas. Seul est perceptible, l'étendu égocentrique ; ce qui est en dehors de son champ de vision ou derrière son dos ( les manifestants dans Modern Times ) ne le touchent pas ; ils les ignorent.

Sa perception du monde extérieure peut ressembler à celle d'un nouveau né ou d'un schizophrène: elle est réduite mais concentrée; ce qui explique qu'il n'ait peur de rien ni de personne.


2 ) Les objets :

La relation de Chaplin avec l'univers extérieure se réalise par l'intermédiaire d'objets particuliers ; le chapeau, la canne sont des prolongements du personnage.
Dans Charlot Policeman, il troque ses objets fétiches contre un casque et une matraque et il arpente « la rue tranquille » ( Easy Street ) dans laquelle se trouve un bec de gaz qui jouera un rôle capital ( un téléphone y est accroché... ). Les saucisses du charcutier qu'il traite comme des poignées de cuir auxquelles on se suspend dans un  tramway ( Pay Day ), des accessoires ( une malle pleine de bouteilles d'alcool, une pièce de monnaie...).
Au lieu de voir se dérouler par ex le combat de l'homme et de la montagne, on aperçoit que de petits incidents : une pierre qui roule, un pied qui glisse...
Une prise de vue sur des objets peut résumer une action.


3) Les personnages

Les personnages qui entourent Chaplin  constituent une étonnante galerie de portraits sur lesquels ont ne s'attarde jamais assez. Il ne s'agit pas de comparses, de faire valoir, mais d'êtres humains saisis dans leur rôle psychosocial, décrit avec humour et une férocité sans égal dans l'histoire du Cinéma.
Quand une silhouette traverse l'écran, ne serait ce que quelques secondes, dans un film de Chaplin, ce passage est toujours calculé, significatif, et à aucun moment, la silhouette n'est conventionnelle.
Toutes les classes de la société, toutes les catégories professionnelles et à l'intérieur de ces groupes, toutes les idéologies, tous les vices, tous les ridicules des humains sont cernés, catalogués, passés en revue par une caméra implacable.
Dans Modern Times, les compagnons de chaînes dans l'usine inhumaine sont présentés comme acceptant stupidement les impératifs de la Steel Compagny.
Peu de personnages trouvent grâce dans cette analyse sévère.
Chaplin le mal aimé part presque toujours seul, sur les routes de son éternel vagabondage, et l'on compte sur les doigts d'une main les fins heureuses effectivement, comme celle de Modern Times où il part la main dans la main, avec Paulette Goddart, sur la route du destin.


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