II ) Le personnage de Charlot :
Charlie Chaplin a crée un personnage aujourd'hui universellement connu : celui d'une sorte de vagabond, dont le chapeau melon, la canne, les grandes chaussures, le pantalon tombant et trop large, les cheveux frisés et la petite moustache sont devenus le symbole de l'art cinématographique. Le caractère le plus apparent de Charlot est celui d'une sorte de
Pierrot lunaire, amoureux platonique de quelque Colombine Américaine, poursuivi par, les
gros bandits, les gros méchants ( le contraste entre la fragilité physique de Chaplin et la musculature de ses adversaires est constant et remarquable ). C'est un personnage assez
misérable qui essaye de composer avec le monde hostile qui l'entoure , ses cambrioles ou ses trucs plus ou moins honnêtes. ( comme le fer à cheval placé dans le gant de boxe ou le coup de pied au derrière lancé dans un geste de danseur .../... ). C'est un
conquérant, sûr de lui, dominant l'univers par l'idée qu'il s'en fait. Il est aussi un personnage
poétique, avec sa sensibilité et son lyrisme: Le Chaplin amoureux : - de l'aveugle dans
City Lights - ou - de l'écuyère dans The Circus. C'est un personnage
marginal, clown et dramaturge. C'est surtout l'aspect
triomphant et dominateur de Chaplin qui est remarquable. Quand il se bat, il gagne toujours ; les gros flics et les gros bandits n'ont qu'à bien se tenir : Chaplin est invincible ! Mieux encore, il triomphe du monde, de la société (dans Golf Rush, il finit milliardaire), du pire des dictateurs, dont il prend la place fortuitement. Il est alors
généreux pour les faibles, impitoyable pour ses adversaires vaincus. David triomphe de Goliath comme il le mime d'une manière éblouissante dans
The Pilgrim.
III ) L'art de Charlie Chaplin :
Chaplin est un acrobate, un mime, un danseur, un comédien hors paire. Son art, essentiellement visuel, se passe totalement de la parole et des sous-titres. Il dira :
« Les Talkies ( films parlants ) vous pouvez dire que je les déteste ! Ils viennent gâcher l'art le plus ancien du monde, l'art de la pantomime. Ils anéantissent la grande beauté du silence ».
« Je ne crois pas que ma voix puisse ajouter à l'une de mes comédies. Au contraire, elle détruirait l'illusion que je veux créer, celle d'une petite silhouette symbolique de la drôlerie, non un personnage réel mais une idée humoristique, une abstraction comique ».
|
Modern Times, est le 1er film de Chaplin où l'on pourra entendre sa voix. En réalité, il s'agit encore pour l'essentiel d'un film muet. L'accompagnement musical, les éléments d'ambiance sonore, et de temps en temps la voix sévère du directeur dans laquelle travaille Chaplin ne sont que des éléments accessoires. Il y a cependant un moment où Chaplin va, sinon moins parler, du moins chanter. Mais, ce chant est lui même une sorte de pantomime. Les paroles de la chanson n'appartiennent à aucune langue ; ce sont des jeux verbaux dont la puissance évocatrice est aussi efficace que les mimiques gestuelles du grand comédien.
Chaque geste, chaque battement de paupière, chaque cabriole à une signification, s'intègre dans un développement rigoureux. Chaplin veut tout à la fois, faire rire, émouvoir et faire penser. Il y parvient à un génie que nul n'a jamais égalé, grâce en particulier, à son prodigieux talent
d'acteur-danseur sur des morceaux célèbres comme le ballet avec les machines dans Modern Times, est une anthologie. Il existe un dénominateur commun entre les décors, les choses et les êtres vivants qui entourent Charlie Chaplin. |